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La poutre et la paille écologiques - Christine Bénard, Dominique Levesque - En librairie le 30 Octobre - Accessible sur www.editionsducerf.fr et les grands sites du web
Changement climatique, développement durable : Que font les entreprises ?
C’est à cette question que ce livre tente de répondre, en mettant en lumière le comportement de grandes entreprises industrielles manufacturières face aux enjeux du changement climatique et du développement durable.
Les entreprises ciblées dans ce livre appartiennent aux secteurs du bâtiment, des transports et de la chimie. Les métiers de ces entreprises consistent à manipuler la matière, leur taille leur impose une vision globale des problèmes. Pour ces deux raisons, ces entreprises sont des acteurs bien plus conscients des impacts de leur activité que la majeure partie des populations ou des responsables d’autres secteurs, numérique, financier ou politique, par exemple.
En préambule, les auteurs mettent en évidence l’incompatibilité entre les limites de la planète et la croissance - en nombre d’individus et en qualité de vie- suivant le modèle socio-économique actuel. Ils soulignent en particulier le poids déterminant de nos façons de nous loger et de nous déplacer, sur les émissions de gaz à effet de serre.
Le cœur de l’ouvrage est constitué par les interviews de responsables d’entreprises des secteurs du bâtiment, des transports et de la chimie: Lafarge, Saint-Gobain, Sncf, Alstom, Airbus, Renault, Michelin, PFA- Filière automobile et mobilités-, Arkema, Solvay et Air Liquide :
Quelle place occupent le climat et le développement durable dans leur stratégie? Quelle est leur vision sur ces enjeux et sur l’évolution de leurs activités? Quels progrès ont-ils faits depuis 20 ans ? Quelles transformations ces enjeux ont-ils entrainées dans leurs entreprises? Quels objectifs précis se sont-ils donnés, à court terme et à long terme? Comment comptent-ils les atteindre ?
En réponse, ceux-ci nous expliquent leurs motivations, leurs contraintes, leurs politiques et leurs résultats. De nombreuses informations factuelles accompagnent ces interviews.
Que retient-on de ces interviews ? Tout d’abord que, sous l’impulsion des règlementations environnementales, les entreprises interviewées ont obtenu en 20-25 ans des résultats mesurables en centaines de millions de tonnes de CO2 évitées. Ensuite que de véritables transformations - qui ont rendu ces résultats possibles- ont eu lieu dans ces entreprises : l’utilisation de nouveaux outils de travail, tels que l’analyse du cycle de vie des produits (c’est à dire l’analyse de leurs impacts de la naissance à la mort), est devenue incontournable dans les achats et dans les procédures internes. Ceci est aussi sensible dans la R&D où le maître-mot est maintenant l’éco-conception, laquelle répond à des processus définis avec précision.
De manière marquante, pour accélérer l’évolution des produits, la R&D et l’innovation de nombreuses entreprises se sont largement ouvertes vers le monde extérieur, qu’il s’agisse de la recherche publique ou de partenariats de toutes sortes, -en particulier avec des start-up-.
Enfin de nouvelles approches des marchés sont manifestes, que l’objectif soit de vendre une fonction vérifiable et non pas un objet matériel - lequel reste de la responsabilité de celui qui l’a fabriqué - ou de s’adresser directement au client final en s’appuyant sur le développement des moyens de communication.
On achève la lecture avec la conviction que faits et analyses convergent : rôle déterminant des règlementations, transformations de l’économie, évolutions des sujets de recherche et des façons d’innover, tout bouge, mais trop lentement. On est également convaincu que le remède proposé par de nombreuses entreprises pour accélérer les choses s’impose, à savoir un coût du CO2 émis ou évité qui ne soit pas ridiculement bas, qui soit incontournable, établi sur la durée et adapté aux différentes régions du monde.
Ce livre de plus de 300 pages n’est ni une diatribe ni un plaidoyer, c’est une étude, un support à la réflexion accessible à un large public. Le format « interviews » utilisé le rend facile à lire. Sa présentation avec des encadrés décrivant brièvement les entreprises ou donnant des exemples ne contraint pas à une lecture linéaire.